Si Facebook demeure le reseau social le plus utilise en Afrique, les applications de rencontre y trouvent aussi leur compte, comme l’hegemonique Tinder, outil de drague qui bouscule nos m?urs sur le continent.
«Malheureusement, nous ne donnons pas d’interview a l’heure actuelle. » C’est J’ai reponse qu’oppose l’entreprise Tinder quand on la sollicite, ne serait-ce que sur sa strategie et sur les resultats observes de le application de rencontre via le continent africain. Apres plusieurs mois passes a inonder d’e-mails leur seule adresse destinee a Notre presse, nous obtenons une reponse guere plus satisfaisante : « Nous n’avons rien de specifique a dire en ce qui concerne l’Afrique a l’heure qu’il est. Et nous ne communiquons nullement sur notre nombre d’abonnes. »
Pour vivre content, vivons caches ? Mais De quelle fai§on amener Tinder en Afrique si Tinder ne lache que dalle ? On doit penser que, ces dernieres annees, beaucoup d’articles, de livres, de series televisees s’attachent a clouer l’application, lancee en 2012, au pilori. Pourtant, suivant le magazine Business of Apps, nous sommes aujourd’hui 57 millions d’individus a travers le monde a utiliser Tinder – qui, litteralement, signifie, « faire des etincelles », voire « s’enflammer ».
« Homme blanc cherche cherie ivoirienne »
Et quelques pays du continent africain sont, en la matiere, bien places. En novembre 2016, une enquete d’une BBC classait l’application de rencontre tel etant la deuxieme la plus utilisee au Nigeria, dans les pays d’Afrique de l’Est – et plus specifiquement au Kenya – ainsi qu’en Afrique du Sud apres Badoo.
« En Afrique de l’Ouest, je dirais que les mecs ont commence a l’utiliser de facon eparse autour de 2014 », avance Aphtal Cisse, consultant en communication implante au Togo. « Aujourd’hui, son usage est moins marginal – et ce, grace a l’explosion de l’utilisation des smartphones. I l’origine, elle etait surtout populaire parmi les vacanciers en diaspora et les expats. »
Plusieurs etrangers qui, i priori, percoivent leur pays de destination comme le Far West a travers la fenetre Tinder. Pourquoi pas, nos profils suivants, fort repandus a Abidjan : « J.-F. J’habite un homme blanc de 36 ans – ici pour le article – et je cherche une femme ivoirienne. Je pourrai lui permettre d’obtenir la nationalite francaise », ou alors : « Couple d’expats cherche jeune ivoirienne Afin de soirees libertines. »
De l’arnaque a la prostitution
En travaillant via l’usage des reseaux sociaux en Afrique, Aphtal Cisse a observe votre qu’il nomme nos « derives perverses » liees a l’application, de l’arnaque a la prostitution. « J’ai aussi note une certaine meconnaissance de sa psychologie. Plusieurs utilisent Tinder tel Facebook. Ils cherchent a se faire des amis ou meme a amener leur foi religieuse. » en Tunisie, les utilisateurs n’hesitent ainsi jamais a troquer un bio succincte contre une sourate du Coran.
Moyennant un smartphone et une connexion internet, ainsi, apres avoir ouvert un compte au moyen de Facebook ou grace a son 06 de portable, l’utilisateur inscrit criteres et preferences et se trouve au centre d’un vaste supermarche de c?urs a prendre. Photos, age, localisation, voire playlists Spotify ou compte Instagram… Un stock de precisions personnelles sans equivalent Afin de l’appli a la flamme.
Salut, je me permets d’etre direct, j’ai le fantasme de coucher avec une Noire, ca m’excite tellement
Ainsi que quoi «swiper » pendant beaucoup plus (balayer a droite pour selectionner un profil, a gauche concernant le disqualifier) avec, a la cle, le loisir d’un « match » (soit votre like reciproque). Correctement moins contraignant et plus pratique que concernant Facebook. « Sur Tinder, les mecs laissent libre cours tout le monde leurs fantasmes », temoigne Ange*, Gabonaise de 28 annees habitant Dakar. Cette cadre dans le milieu en finance affirme avoir multiplie des rendez-vous catastrophe. « j’suis tombee concernant des hommes – de passage – maries, sur des gars qui n’etaient interesses que par le sexe, ou aussi des types a la recherche d’une femme a epouser, peu importe a quoi elle ressemble. Depuis aussi les Blancs qui seront dans une forme de fetichisation d’une femme noire. »
Ange ne croit pas si bien dire : dans une enquete publiee en juin 2019, le magazine feministe francais Causette revelait a quel point Tinder etait, en France, un miroir du racisme couple a une forme d’« exotisation » sans vergogne… « Salut, J’me permets d’etre direct, j’ai le fantasme de coucher avec une Noire, ca m’excite tellement… […] », peut-on lire sur l’une des captures d’ecran faisant office de post sur le compte femmesnoires_vsdatingapps – qui compile les declarations les plus ahurissantes recues par des jeunes femmes noires i propos des applis de rencontre.
Plans a trois
Toujours a Dakar, Seydou, 34 ans, qui travaille au BTP, affirme avoir choisi l’application, Il existe deux ans, Afin de des relations sans engagement. « Je rencontre des femmes du age, voire legerement plus mures, plutot independantes et instruites. Je ne sors jamais https://besthookupwebsites.org/fr/eharmony-review/ avec elles plus d’un mois. J’evite les filles trop jeunes qui n’ont rien compris a Tinder, les expats et les prostituees qui te proposent, sans preambule, leurs services et leurs prix », souffle-t-il en admettant y avoir vu 1 jeu.
« J’ai eu droit a toutes les profils qui te proposent des plans a trois. Tu as aussi celles qui ont la tete sur les epaules et qui paraissent vraiment a la recherche d’une relation serieuse », detaille-t-il avant d’ajouter qu’en deux annees il a cumule, environ, une dizaine de matchs par semaine.
Tinder reste beaucoup plus decomplexe en Afrique anglophone qu’en Afrique francophone ou l’on peut quasiment amener tabou
« Son usage reste bien plus decomplexe en Afrique anglophone qu’en Afrique francophone – ou l’on peut quasiment amener tabou. Entre autres, a Cotonou, on « matche » plus facilement avec des filles nigerianes. A Lome, les Ghaneens paraissent bien plus disponibles que des Togolais ; ces derniers peuvent manquer votre mois avant de repondre a votre “salut” », reprend Aphtal Cisse. « Si les codes culturels pourront etre 1 frein dans Tinder dans des pays francophones, Abidjan reste une exception. C’est un brin Babylone… »
Dans la capitale ivoirienne, les profils masculins affichant des organes genitaux ne manquent nullement… Comme celui de Parfait, qui gere aussi un compte Facebook denomme Libertinage. « Je suis 1 baiseur professionnel, clame-t-il. Si les gens ne m’ajoutent nullement comme ami concernant Facebook, je ne vois pas leurs messages. Avec Tinder, les femmes, des hommes insatisfaits ou des couples en quete de sensations fortes peuvent me contacter en toute discretion. C’est un moyen de communication sans prise de tete. La personne avec qui je matche n’a aucune questions a me poser parce qu’elle sait pourquoi cette dernii?re a swipe a droite. »